Nos goûts pour les fruits et légumes sont-ils génétiquement prédéterminés ?

Les préférences de chacun pour les fruits et légumes sont extrêmement variées même au sein d’une famille. Ces préférences sont-elles dues à la génétique ou à notre environnement?
Pour vous, Miam mène l’enquête !

La question de la prédisposition génétique dans nos préférences alimentaires est étudiée depuis plusieurs décennies par les équipes de recherche.

Les premières études ont été réalisées dans les années 1930 par le chimiste Arthur L. Fox. Celui-ci travaillait sur la phénylthiocarbamide (PTC), molécule présente entre autre dans le chou, le brocoli ou le navet. Il découvre alors que cette molécule avait un goût très amer pour certains de ses collègues et était sans goût pour d’autres. Le gène détectant le goût amer, le TAS2R38 a été identifié en 2003 et son expression serait déterminante dans nos préférences alimentaires notamment pour ce qui est des fruits et légumes (1).

En 2007, Jane Wardle et ses collègues ont menés une étude sur plus de 5000 familles de vrais et faux jumeaux afin de prouver l’impact de la génétique sur les goûts. Les parents des jumeaux ont rempli un questionnaire sur la capacité de leurs enfants à accepter certains aliments. Les vrais jumeaux (qui ont le même patrimoine génétique) répondaient très souvent de la même manière aux aliments contrairement aux faux jumeaux (qui n’ont qu’une partie des gènes en commun tout en ayant le même environnement). Les chercheurs en ont conclu que la génétique jouait un rôle plus important dans le choix des aliments que l’environnement (2).

Quelques années plus tard, afin de tenter de déterminer la part de l’impact génétique dans nos goûts alimentaires, Danielle Reed et son équipe ont étudié la perception du sucré chez des adolescents et jeunes adultes, toujours avec des vrais et faux jumeaux ainsi que certains de leurs frères et sœurs non jumeaux. Chacun devait évaluer l’intensité perçue de plusieurs solutions sucrées. Les chercheurs ont constaté que les facteurs génétiques comptaient pour environ 30% dans la variabilité de la perception du goût sucré (3).

Bien que la génétique nous prédispose partiellement à nos préférences alimentaires, ceux-ci peuvent être modifiés. En effet, le nouveau-né possède de nombreuses papilles gustatives. La densité de ses papilles serait même plus élevée que celle de l’adulte. La maturation du système gustatif se poursuit au moins jusqu’au milieu de l’enfance, d’où le phénomène d’évolution et de changement important du goût du nourrisson et de l’enfant. De plus une étude de l’INSERM parue en 2013 a identifié pour le poisson zèbre, le gène Erg-1 comme étant surexprimé en cas d’aversion alimentaire. Ce gène est de moins en moins exprimé au fur et mesure que le sujet s’habitue à l’aliment laissant supposer que les goûts bien que prédisposés génétiquement peuvent être modifiés et sont influencés par l’environnement (4).

Article rédigé par Julie De Brito, diététicienne – nutritionniste et membre Miam d’Ile de France.

(1): http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/biologie/spip.php?article367

(2): Genetic and environmental determinants of children’s food preferences. J Wardle 2007

(3): A Common Genetic Influence on Human Intensity Ratings of Sugars and High-Potency Sweeteners. Danielle R Reed 2015

(4): Egr-1 induction provides a genetic response to food aversion in zebrafish. B Boyer 2013

 

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